myrod
Description textuelle :
Les matins, le fleuve pourrissant émergeait de la brume et des fumées sulfureuses de Delhi.
C'était d'une terrasse d'un hôtel qui refusait les intouchables, que s'ouvrait les jours.
Sièges en PVC cassant de soleils pour chercheurs de paradis orientaux, pissotières le long du muret antique pour gamins des rues et arbres décharnés pour oiseaux de passage.
Je prenais un thé et un pain tibétain, avec omelette, puis cigarette et lecture - seul avant le dessillement des yeux - parfois croquis d'amateur.
J'attendais les trois petits lutins qui arrivaient avec le soleil lourd.
Un gamin escaladait, à pied nu, le mur de briques poussiéreuses.
Une vache maigre comme les jours sans pains paissait les ordures sans trier les plastiques.
Je regardais pousser les épinards près de cet égout central, près des huttes de bois, de sacs, de ...
Au loin les ponts : l'un flottant drainait son lot de main d’œuvre, à pied, à vélo, à moto, à rikshoo,...et l'odeur du goudron récent de cette route, qui chaque année s'écroulait à la mousson.
Et des écureuils bizarres allaient dans ce petit bois à drapeaux de prières, si proche de la 4 voies vers l'Himalaya, l'autre continent.
Le temps s'immobilisait par la tradition et se répétait par les flots incessants de véhicules :jamais de silence-plus de 10 millions d'homos sapiens sous le soleil montant
Et dans les ruelles de Majni Katilla s'égrainaient les prières des matins, les hommes au verre de thé debout, les étals pour voyageurs vers Daramshala, les mendiants patentés et estropiés, les cireurs de grolles, les vendeurs de pierres et babioles, ...
Et s'ouvraient les boutiques de vidéos copiées, de conversations internet, de cafés-resto pour chaque bourse, d'agence de voyages et de tout, de cahier à papier à fleurs et d'encens trafiqué, de vêtements made in China, de godasses made in Népal, de fondeurs d'argent, ...
Et plus loin, deux temples anachroniques rappelaient la splendeur passée où des vieux lamas tournaient l